Pénétrations
Enfin nus, corps à corps
encastrés. Il y a une heure encore nous tenions nos rôles dans la société
triste et besogneuse qui se prétend civilisée. Animal est notre corps à corps.
C'est un retour aux sources et non une déchéance. C'est un rituel sans prêtre,
et comme tous les amants, nous le réinventons, pour nous seuls, à chaque
rencontre.
Je m'empare de tes hanches.
Ton dos frémit sous ma langue furtive. Comme un chat je te couvre et je te
mords le cou. Vais-je enfoncer mes crocs dans ta chair si douce et faire couler
ton sang ? "Aïe" cries-tu faiblement, confiante ou résignée. Je
poivre d'un soupçon d'angoisse ton émotion sensuelle.
Ou bien nous sommes face à
face. Tu m'ouvres en grand ton ventre en repliant tes cuisses comme une
grenouille. Pendant mon immobile pénétration, nos langues se lutinent et tour à
tour pénètrent la bouche de l'autre. Tu es mon heureuse prisonnière. Ton ventre
est fiché sur mon sexe, et mes bras enserrent tes épaules. Tes ongles
s'enfoncent dans mon dos, mais c'est après que je m'en aperçois. Interpénétrés,
nous oublions la laideur et la violence du monde où nous sommes bien forcés de
vivre.
Je me pénètre du goût de ta
peau, de celui ton sexe, de ton odeur, de tes cris de plaisir, de la sensation
de ton corps collé au mien et de ces milles indices qui me prouvent ton ivresse
d'être avec moi. Chaque instant avec toi se grave dans mon souvenir et ces
précieux souvenirs alimenteront mes rêves.
Alain Valcour