Cérémonie secrète

 

 

        Ces deux semaines ont été très longues. Tes baisers m’ont manqué, ainsi que tes caresses et ta langue chatouilleuse au creux de mon oreille. Voilà que tu la mordilles doucement. Ton souffle se fait soudain plus rapide, ton haleine plus chaude et ta morsure plus vive. À mesure que le désir monte en toi, tes dents s'enfoncent dans mon cou, dans mes épaules et dans ma poitrine.

 

         Mors-moi jusqu'au sang, belle tigresse, j'aime tes griffes et tes dents. Que mon sang coule et t'affole jusqu'au lever du jour !

 

 

          Tu es maintenant ma prisonnière, nue entre mes bras, inquiète. Peut-être as-tu peur que je t'étouffe tant je te serre avec vigueur. C'est à mon tour de mordiller la peau fine de ton cou, de tes épaules et de croquer tes lèvres veloutées. Tes seins sont des oiseaux dont les becs durs grignotent ma poitrine. Contre ton ventre moite, je suis raide et impatient de te pénétrer. Mes lèvres folles courent sur tes paupières et tout ton visage, elles vont et viennent de tes épaules à ton cou. Elles y sèment des baisers qui te font frissonner et ma langue au creux de ton oreille se venge de tes morsures.

 

         Le temps s'immobilise et le silence nous environne.

 

           Je me souviens d'un rêve. J'étais aveugle, le visage enfoui dans des coussins de chair féminine. Des seins caressaient mes joues et des tétons frémissants s'introduisaient entre mes lèvres. C'étaient les tiens, gonflés comme des bourgeons pleins de sève. Ils forçaient le barrage de mes dents et recherchaient les caresses de ma langue. C’était bien le goût de ta chair et sa ferme douceur. Ta chatte crépue grattait ma cuisse, tes cuisses enserraient les miennes, tu gémissais au loin dans le brouillard du rêve. Un gouffre nous a tous les deux avalés.

 

           Retour à ton lit, mes joues coincées entre tes cuisses. Tes lèvres fripées s'offrent aux caresses de ma langue patiente, et le bouton délicat, tout palpitant d’attente, se laisse tranquillement malmener.  Tes soupirs m'encouragent à le masser longuement, et toute ma tendresse pour toi se trouve concentrée à l'extrême bout de ma langue. Elle va tournicoter autour de lui jusqu'au spasme de ton ventre que  j'accompagne le plus longtemps possible pour décupler ton plaisir. Et quand il éclate, mon dos se raidit car les ondes de ton plaisir me traversent également.

 

           Reposons-nous, tu es encore toute essoufflée, comme d’avoir été roulée sur le sable par une vague furieuse. Je veux contempler ton beau visage, le dessin harmonieux de tes paupières closes et le bronze de ta peau où je discerne des nuances d'or et de cuivre.

 

           J'ai écouté ton souffle revenir, et nous voici unis de toutes les forces qui nous restent. Mes lèvres s'affolent encore de posséder les tiennes, en même temps que je m'enfonce dans ton ventre moelleux pour célébrer notre cérémonie amoureuse et secrète.                          

 

                                               A. Valcour