Je préfère de beaucoup les mains de femmes. Elles vont et viennent, fureteuses et imprévisibles. Tour à tour elles me bichonnent et me brutalisent, elles jouent avec moi comme avec une poupée. Les Siennes vont droit au but et me font rendre gorge en quelques coups secs et précis.
C'est une piquante angoisse que de sentir approcher des mains inconnues, puis de les découvrir timides ou expertes, tendres ou agressives, étourdies ou têtues. Des mains cruelles se sont une fois acharnées à me faire crier grâce cinq fois dans la moiteur exaspérante d'une nuit d'été orageuse. J'étais noué comme un ceps de vigne, sec et douloureux, les soeurettes étaient exsangues et les mains continuaient à nous presser tous les trois comme des citrons.
Les mains des femmes sont presque
toujours douces et attentives. Elles devinent mes désirs et s'appliquent
à me bander comme un arc, de la tête à la racine. Les
plus amoureuses m'entourent de leur langue, veloutée d'un côté
et rugueuse de l'autre. Elles la passent et la repassent inlassablement,
accélèrent son va-et-vient en un tourbillon furieux ou au
contraire le ralentissent pour me faire languir, et finalement offrir à
ma jouissance un abri capitonné.
Hélas, mon lot quotidien
c'est Sa main pressée qui cherche à me faire dégorger
le plus vite possible, ou pire encore, c'est l'infâme capuche de
latex qui m'étouffe, qui me prive des parfums délicats des
sexes des filles et qui fait de moi un bâton à jouir. Quand
pourrai-je de nouveau déguster ces arômes de miel et de fleur,
âcres parfois de la laitance laissée par un prédécesseur,
ces arômes chaque fois différents, même chez la même
fille, ces parfums subtils de vanille ou de marjolaine, agrémentés
d'une finale musquée légèrement acide, ou bien ces
saveurs grasses et iodées de goémons mûris au soleil?
(Peste soit de l'ignoble savon qui détruit ces merveilles!)
Qu'il était doux ce conassou de pucelle rétive qu'il m'a fallu forcer presque à regret! Le sang s'est mêlé à la liqueur au goût d'amande amère. Centimètre par centimètre, ma tête gorgée de Son sang s'est frayée un chemin dans le ventre noué par l'angoisse. J'ai écarté les chairs humides et soyeuses. Je lui ai fait éprouver la volonté du mâle, je l'ai révélé à lui-même en lui faisant sentir en creux son propre volume. Balayant l'angoisse et la douleur, le plaisir a fini par arquer les reins de la fille, par lui faire gonfler les seins, par lui remonter en vagues successives jusqu'à la gorge et la faire feuler comme une jeune tigresse. J'ai fait de cette petite une jeune femelle avide de se sentir fouillée, investie, arrosée et bientôt fécondée.
A. Valcour