Germaine de Montreuil
et ses pouliches
Germaine de Montreuil, rentière comme
sa mère, est héritière d’une famille de riches bourgeois dont la fortune a commencé dans les Antilles avec la culture et la transformation en rhum
de la canne à sucre, et s’est poursuivie jusqu’à l’abolition de l’esclavage.
Sentant le vent tourner vers 1845, ils ont vendu à temps pour investir dans les
mines, c'est-à-dire dans une autre forme d’esclavage.
Germaine a hanté
longtemps les sacristies et les institutions qui pratiquent une « charité
un peu sévère », c'est-à-dire qui nourrissent les pauvres, les chéris de
« Notre Mère l’Église » sous réserve d’une disponibilité immédiate
pour les tâches les plus diverses et d’une présence vérifiée à quantité
d’offices religieux. Mais elle s’est lassée, car l’afflux massif des demandeurs
de soupe rendait ceux-ci de plus en plus incontrôlables et rebelles à
l’élévation spirituelle visée.
Armée d’un chapeau
ridiculement grand et caparaçonnée dans des tailleurs datant des années 50,
elle faisait le tour des orphelinats pour y recruter des jeunes filles (dont je
ne préciserai pas l’âge pour éviter des ennuis avec une censure tous les jours
plus hystérique). Elle les choisissait de belle apparence, avec le goût très
sûr que lui dictait son démon de midi personnel, de fait une démone lesbienne,
et surtout sans aucune famille. Elle les sortait de leurs institutions-prisons
pour les accueillir dans son « Institut de Formation aux Métiers des
Tissus et de
Les présentations se
déroulaient devant de généreux bienfaiteurs, courtois et discrets souvent
accompagnés de leurs maîtresses, dans des châteaux que leurs propriétaires
désargentés louaient à des organisateurs de « soirées spéciales ». Germaine
faisait défiler ses pouliches dans des
tenues tout ce qu’on peut imaginer de plus court et de plus transparent, dignes
des plus fameuses toppe-modèles.
Ces élégantes demoiselles circulaient ensuite parmi les spectateurs (qui
comptaient aussi de temps en temps des couples de lesbiennes) pour leur offrir
du champagne et du porto. Elles en profitaient pour faire admirer de près leurs
jolis seins, adolescents ou pigeonnants, et leurs petites fesses rondes. Et
surtout pour leur faire mémoriser leurs noms de scène pleins de poésie :
Panthère du Bengale, Chatte Griffue, Gazelle Timide, Barbie,
J’étais devenu un
habitué (et même un amant) de Gazelle Timide avec qui j’ai eu de nombreux
« entretiens approfondis ». C’était une délicieuse petite brune aux
yeux noisette. Ses petits pointus, dotés de gros tétons sombres, valsaient
librement dans un soutien-gorge trop grand mais très décolleté. A cause de sa
« timidité », il me fallait de longues minutes, de nombreuses
caresses, de langoureux baisers et quelques claques sur les fesses pour qu’elle
accepte que je lui enlève successivement ses bas noirs, sa minijupe en soie
bleue électrique, son soutien-gorge du même bleu et pour finir un minuscule
slip constitué de rubans roses. Ce dernier, une fois ôté, toute fière de sa
touffe de poils noirs artistement taillée, c’est elle qui prenait en mains la recherche
du plaisir, et d’abord du sien. Ce n’était plus une gazelle, mais une louve en
chaleur dont les baisers fougueux s’agrémentaient de suçons. Elle ouvrait
largement les cuisses pour inviter ma langue à consacrer à son plaisir le temps
qu’il fallait, et elle adorait que ma
langue lui écrase le bourgeon et qu’elle se faufile le plus loin dans l’antre toute
baveuse de son nectar. Elle écartait ses adorables petites fesses pour que je
puisse langotter son œillet endolori par des « confessions »
trop brutales.
Lassée de la conduite
autoritaire de Germaine, l’écurie s’est
révoltée sous la conduite de Chatte Griffue. Si la patronne s’exprimait avec
ses clients dans un langage qui fleurait bon la désuétude aristocratique, elle
ne traitait ses filles que de « pétasses », de
« connasses », « d’enculées » et de « trous à
bites ». De plus, elle inspectait tous les matins d’un doigt autoritaire
leurs anus et leurs vagins, et pour les punir de broutilles, elle leur pinçait
les tétons. En trois jours de conciliabules, les filles ont préparé une fin de
présentation burlesque. Gazelle Timide s’est arrangée pour perdre sa jupette
minuscule,
Germaine a contenu sa rage tout en
recevant des félicitations, comme si elle avait tout organisé. Mais blessée
dans son orgueil et ses « principes » (lesquels au fait ?), elle
avait décidé de punir son écurie. Un fondé de pouvoir d’un émir du
pétrole lui a proposé de lui racheter ses pouliches. Après d’âpres
négociations, un troc a été conclu contre une part confortable de la propriété
d’un puits de pétrole produisant du brut de qualité. L’émir voulait remplacer
dans son harem les filles qu’il avait perdues au poker contre des collègues.
Malgré des réticences initiales, Sourdingue et Débilotte
ont été incluses dans le « deal » afin de pourvoir aux besoins
sexuels des domestiques. Ces derniers
détails m’ont été racontés sur l’oreiller par Gazelle Timide qui avait réussi à
s’échapper à temps de l’Institut de « Formation », pendant que la
télévision dont nous avions coupé le son montrait les belles cuisses des
candidates du concours Miss France.