Mère Madeleine et Sœur Teresa

A 60 ans passés, j’arrive à l’âge où l’on aime parler de son enfance. L’époque en est suffisamment lointaine pour que mon récit ne nuise à personne. De plus, la plupart des protagonistes sont morts, et je suis seul  face à l’écran d’ordinateur qui va accueillir mes souvenirs. J’espère surtout ne pas vous ennuyer.

Nous étions quatre frères, éduqués, nourris et soignés par notre mère Madeleine.  Mes deux aînés, Mathieu et Marc, d’âges très proches,  complotaient toujours ensemble. J’étais le troisième. Elle et son mari Joseph m’ont nommé  Luc. Jean, le petit dernier, est né quand j’avais  6 ans. Notre père est mort d’un accident du travail peu après sa naissance, et nous vivions à cinq d’une rente due à cet accident.

         Très soucieuse de notre santé, Madeleine  passait beaucoup de  temps dans sa cuisine à nous préparer des repas «sains». Je regrette de ne pas les avoir  savourés  comme ils le méritaient. De fait, les  repas se passaient surtout en chamailleries et  en disputes, ce qui ne récompensait pas notre mère de son dévouement.

Madeleine était catholique. Il y avait sur tous les murs des crucifix et des images pieuses. Mais sauf à celle de Noël,  elle  n’allait pas aux messes auxquelles elle nous envoyait tous les dimanches, accompagnés d’une voisine ou parfois de son frère.  Rigoriste à sa façon, elle était  obsédée par la «pureté» : propreté de la maison, des corps, absence de produits  nocifs dans les aliments et décence des conduites et des propos. Elle recevait souvent la visite d’un jeune prêtre en soutane, que nous appelions tous Frère Jacques.  Madeleine s’enfermait à clé dans sa chambre avec lui pour de longs entretiens. Même en collant nos oreilles à la porte nous n’arrivions pas à percevoir le moindre gémissement de plaisir  ni le plus insignifiant grincement de lit. Pourtant, les ressorts du lit grinçaient, nous le savions pour y avoir chahuté. Mathieu nous a montré une fois un emballage de préservatif qu’il a prétendu avoir trouvé sous le lit. Mais il avait  très bien pu  fabriquer une fausse preuve pour nous impressionner.

Frère Jacques  ne s’intéressait pas à nous. Il n’a jamais cherché à nous confesser,  à nous catéchiser ni même à nous caresser. C’est  étrange  car  les prêtres adorent les enfants, et pas seulement,  comme chacun sait, pour imbiber de sottises leurs jeunes cerveaux et pour enfumer de culpabilité leurs  plaisirs naissants. J’étais surtout  jaloux de ce qu’il ne vienne que pour notre mère, d’autant plus qu’elle «s’habillait»  pour lui. Alors qu’elle portait tout le temps  des robes de coton élimées comme n’oserait pas en mettre une femme de ménage, elle mettait pour le recevoir un ensemble gris constitué d’une jupe trop courte qui boudinait ses grosses fesses et d’une veste trop serrée qui faisait d’horribles plis sous ses seins ainsi qu’un chemisier blanc sous lequel on apercevait un soutien-gorge noir. Pauvre maman ! Elle était plus à l’aise débraillée dans sa cuisine qu’à tenter de faire l’élégante. 

Je ne sais pas si c’est l’influence de ce prêtre louche, mais notre mère chérie avait la phobie de nous voir bander. Dès qu’elle voyait l’un de nos petits membres se redresser  sous un pyjama, elle s’en emparait et le branlait énergiquement pour en extraire «le poison de Satan».  De même qu’elle pourchassait sans relâche la poussière, elle considérait comme de son devoir de  nous débarrasser de ce «poison».  En fait de «petit membre», je parle pour le mien. Ceux de Mathieu et de Marc étaient déjà bien développés, c’est du moins le souvenir que j’en ai. J’admirais avec envie les touffes de poils châtain qui décoraient leurs bases, alors que mon «zizi» était dépourvu de tout poil. Le terme de «zizi» m’était réservé, Mathieu et Marc  appelaient   «zo-o-o-bs» leurs  propres instruments, et «nouille» ou «pissoire»  celui de Jean qui ne se dressait pas encore.

Jean et moi dormions dans la même chambre. Tous les soirs, Madeleine allait s’asseoir au bord de son lit. Pour l’aider  à s’endormir, elle lui racontait les histoires classiques de Blanche-Neige, Cendrillon et autres princesses. Elle murmurait les contes à son oreille comme si je ne devais pas les entendre mais Jean m’a dit qu’elle lui caressait la «quéquette». Elle guettait  le jour où celle-ci  commencerait à bander, tout comme une mère guette les premières règles de sa fille. Je ne sais pas si  elle  attendait  ce jour avec anxiété ou avec impatience.

Chaque matin elle installait à tour de rôle chacun ses trois  «grands»  sur le  fauteuil tapissé de velours usé et taché qui avait été le siège favori de notre père Joseph.  Assis sur  «Le Fauteuil», fesses nues, le sexe à l’air, celui dont c’était le tour devait d’abord attendre qu’elle ait fini de se laver les mains, ce qui prenait un certain temps. Depuis,  je ne peux pas voir une femme se laver les mains sans bander.  A genoux aux pieds du fauteuil, elle commençait sa tâche masturbatoire avec une tendresse toute  maternelle.  Les trois autres regardaient distraitement  et le plus souvent chahutaient,  quelque peu las du spectacle à chaque fois identique.  Ses mains enduites de crème massaient amoureusement la tige. Elles  couvraient et  découvraient lentement le gland, et deux doigts en anneau l’étranglaient  délicieusement. Sauf quand l’heure d’aller au collège et au lycée  approchait, elle faisait durer la montée du plaisir.  Elle recueillait la précieuse liqueur dans un mouchoir en papier et appelait le suivant.  Marc, le cadet, plus dégourdi que son aîné, lui demandait souvent : «Maman, tu veux pas nous sucer ? Comme dans les films ?» Mais elle s’y est toujours refusée, sous un argument confus de «pureté» ou de «chasteté ».  Pendant qu’elle s’occupait de moi, je contemplais ses gros seins flasques qui nous avaient tous les quatre allaités. N’ayant pas le temps de s’habiller, elle nous branlait toute nue dans sa chemise de nuit. J’avais donc une vue plongeante sur ses seins laiteux parcourus de veines bleutées et qui valsaient de droite et de gauche au rythme de la masturbation. J’aimais à contempler aussi  les muscles vigoureux qui s’activaient  sous la peau fripée de ses bras couverts de taches de rousseur. Il y a des détails que l’on n’oublie pas !

Surprendre l’un de nous à se branler la mettait en colère. Elle s’emparait alors du sexe «coupable» et le masturbait sans la tendresse habituelle, tout en pressant les bourses afin d’en  épuiser la sève  maléfique. Elle a surpris une fois Mathieu et Marc, qui s’amusaient à deux sous l’œil attentif de  Jean. Enorme fureur. Pour punir les deux coupables, elle leur a ligaturé la base du pénis et les testicules. Leurs glands émergeaient, violacés.

C’est dans la douche que ses masturbations étaient les plus agréables. Nue et le corps tout savonné, elle massait  mon dos avec ses seins, elle frottait son bas-ventre à mes fesses et me branlait tout en me mordillant la peau du cou.  J’ai le souvenir précis de la triple sensation de son buisson de poils qui grattait  mes fesses, de ses baisers affectueux et de ses voluptueuses caresses sur mon «zizi»  tout glissant de savon. Sa main serrée sur mon sexe me le préparait à pénétrer le vagin étroit d’une vierge. Lorsque que je prends une douche, je me sens bien seul et je bande en repensant à ses instants délicieux.

Un soir au dîner, Madeleine nous a appris en pleurant le suicide de Frère Jacques.  Il vendait pour le compte d’une secte des poudres douteuses à base de bromure destinées à freiner les ardeurs sexuelles et à combattre le «péché». Deux hommes et une femme en sont morts. Il a voulu éviter le scandale d’un procès. Peu de temps après, elle  a enlevé toutes les images pieuses qui décoraient (sic ) les pièces et a placé  les crucifix la tête en bas. Elle s’est mise alors à recevoir une femme encore plus bizarre que Frère Jacques qui se nommait Véronique. Elle avait le teint basané d’une gitane, de longs cheveux noirs frisés et se parfumait violemment. Elle vantait la vie saine de la «horde primitive» et la «liberté sexuelle»  comme remèdes aux «drogues qui empoisonnent la société actuelle». Un soir, pour appuyer ses dires, elle a sorti ses seins, elle m’a fait pincer ses tétons et a tâté mon  sexe à travers le jean : «Vous voyez comme il bande ce petit jeune. C’est la Nature qui le veut. Il ne faut pas aller contre la Nature.»

Bien sûr, Marc et Mathieu ont fait un jour une «bêtise» : ils ont dépucelé une petite voisine. Je suis sûr que c’est Marc, le plus déluré, qui l’a eue vierge. Gros scandale, mais resté néanmoins très local. Nous avons entendu les éclats de voix lors de discussions orageuses dont nous étions exclus,  enfermés à clé tous les quatre dans la chambre maternelle. Un arrangement financier a dû terminer l’affaire. Une semaine après, on n’en parlait déjà plus et la vie quotidienne a repris  son cours. Mais  notre mère avait trouvé comment empêcher d’autres «bêtises ». Rassurez-vous lectrices et lecteurs, elle ne s’est pas emparée d’un couteau de cuisine pour nous châtrer, comme je l’avais craint un moment !

Véronique  est arrivée  un jour accompagnée d’une jeune fille d’origine asiatique.  Quelle beauté : une  peau dorée, de longs cheveux d’un noir de jais, des yeux en amande. Nous en étions muets d’admiration.  Madeleine  nous déclaré fièrement : »Je vous présente Teresa, c’est maintenant votre sœur car je l’ai adoptée.»  Nous avons tous embrassé Teresa. L’émotion de mon premier baiser sur la joue fraîche de cette  jolie fille, timide et intrigante de par son origine inconnue, fait partie de mes souvenirs les plus chers.

Teresa venait du Cambodge. Elle parlait assez bien le français. Ses parents étaient morts dans des circonstances obscures.  Elle ensuite été recueillie par un oncle qui l’a envoyée travailler comme masseuse nue dans une station thermale. Elle était tellement appréciée des hommes et des femmes, que sa réputation a mis en action une «mission protestante» qui trouvait intelligent de lutter contre ce que l’on n’appelait pas encore le tourisme sexuel. Son oncle l’a alors envoyée dans un temple en pleine montagne. Le site était magnifique, les forêts accrochaient les nuages, lesquels finissaient par s’évaporer  au coucher du soleil. Les parois rocheuses grisâtres se coloraient alors de rose et d’ocre. C’était un lieu de pèlerinage réputé où l’on venait pour la fertilité et la longévité. Les pèlerins venaient loin et montaient deux milles marches taillées dans la pierre pour venir déposer des offrandes aux pieds d’un bouddha «ésotérique»  (comme on écrit dans les guides) grimaçant et faire leurs dévotions au milieu des vapeurs d’encens.

Notre mère faisait travailler  Teresa à la cuisine, à la lessive et au nettoyage de l’appartement. Quatre garçons, ça bouffe et ça salit beaucoup !  Teresa avait aussi pour mission de satisfaire nos besoins sexuels. Elle remplaçait notre mère comme officiante du rite matinal. Madeleine  lui a expliqué comment il fallait nous caresser et nous sucer.  Prenant dans sa main la main fine de Teresa abondamment graissée de crème Nivéa, elle  lui a montré comment elle devait caresser la hampe en la serrant, titiller le gland et empaumer nos couilles avec douceur et fermeté en nous massant  le périnée.  Elle lui a appris à resserrer ses lèvres à la base du gland, à exciter le frein du bout de sa langue et à alterner des caresses vigoureuses  avec d’autres plus  légères. «Avale tout ma chérie, c’est plein de vitamines. Nettoie le bien, avec ta langue.»  Teresa écoutait les conseils avec politesse, mais elle savait tout cela pour l’avoir pratiqué avec  ses clients de la station thermale.

Teresa venait aussi nous rejoindre dans la douche. Elle nous frottait de son tout son corps généreusement savonné, elle nous embrassait à pleine bouche, elle nous branlait «au savon»  avec vivacité tout en riant du plaisir qu’elle nous procurait. Marc et Mathieu ne regardaient guère la télévision. Ils passaient leurs soirées au lit avec Teresa qu’ils baisaient à tour de rôle plusieurs fois chaque soir. Comme la porte restait ouverte, nous entendions leurs gémissements de plaisir, et parfois les cris de Teresa, car ils prenaient leur plaisir sans la moindre attention à celui de Teresa.  Madeleine allait de temps en temps vérifier qu’ils n’abimaient pas trop leur poupée vivante. Jean et moi, un peu timides, nous nous contentions de caresser son gros abricot à travers ses longs poils noirs, soyeux  et clairsemés. Elle me laissait enfoncer deux doigts entre ses grosses lèvres pour récolter sa liqueur, et elle riait joyeusement de me voir ensuite les lécher avec délices.

Madeleine prenait également du plaisir avec Teresa. Une après-midi, je suis revenu  tôt du collège à cause de l’absence imprévue de deux professeurs. Je suis entré sans bruit dans l’appartement. (J’avais l’habitude d’être silencieux car cela me permettait de surprendre des scènes intéressantes. Ainsi, j’ai pu voir ma mère se caresser le bouton à l’air chaud de son séchoir à cheveux. Juste avant une visite de Frère Jacques, je l’ai aperçue se parfumer et de se peigner la touffe. J’ai aussi surpris mes grands frères à se sucer en 69. Ma présence de voyeur ne les a d’ailleurs  pas particulièrement dérangés. Ils étaient plutôt fiers de leur audace. Comme dans les films !)  Sur le grand lit,  j’ai vu Teresa allongée sur le ventre, la figure entre les cuisses maternelles grandes ouvertes, occupée à lui sucer la chatte.  Quel délicieux spectacle que celui de ses petites fesses rondes. Elle les serrait et les desserrait au rythme de son effort de succion, dont témoignaient des lapements  mouillés et les râles de plaisir de Madeleine. Elles se sont ensuite léchées  en 69. Teresa, de profil, me montrait ses petits seins pointus  aux aréoles sombres  qui s’agitaient doucement au rythme des ondulations de son dos.  Elles ont crié ensemble, un vrai duo de chattes en chaleur. Je me suis alors installé dans le canapé du salon avec un magazine de télévision, mais je continuais à les écouter.  Se croyant seules, elles sont sorties toutes nues, en riant comme deux complices. «Tiens, tu es là !»  Elles sont venues me poser de chastes baisers sur le front. Il ne leur a pas échappé que j’avais été témoin de leurs ébats. J’avais les joues en feu.  «Luc mon chéri, Teresa va s’occuper de toi. Elle est toute chaude.»  Teresa m’a emmené sur le grand lit encore tiède. Nous avons fait l’amour sous l’œil bienveillant de ma mère. «Prend ton temps mon chéri. Ta grande sœur Teresa adore te sentir en elle.»  Le plaisir de Teresa était intense et son souffle précipité.  Ma mère montait et descendait ses grands ongles le long de ma colonne vertébrale, parcourue de délicieux frissons. Elle me palpait les fesses, me grattait le trou du cul et me pressait les tendrement les couilles. J’ai joui très vite. Dix  minutes après, je bandais à nouveau et j’ai joui à nouveau. Teresa m’a récompensé de longs baisers. Je n’étais plus puceau.

C’est avec Jean et moi que Teresa prenait vraiment du plaisir, alors que les deux autres s’amusaient sur son corps. J’étais amoureux fou de Teresa, ma grande sœur initiatrice. Madeleine lui faisait prendre des pilules, sans doute fortement dosées, car ses seins grossissaient. J’adorais ses seins. J’adorais sa peau cuivrée, ses cheveux noirs, son sourire, sa gaîté, son regard de miel, ses cuisses, son ventre plat, son Mont de Vénus joliment bombé et les poils noirs qui le parsemaient. Le soir je récapitulais tout ce que j’aimais d’elle, et je cherchais vainement ce qui pouvait me déplaire. Je l’aimais comme on aime à 15 ans. Mais je devais partager sa tendresse avec Jean. Comme j’étais plus âgé que lui, je me plaisais à penser que c’était moi qu’elle aimait vraiment. Jean, c’était le petit qu’elle s’amusait à initier, et cette initiation relevait du service sexuel qui avait motivé son adoption. Nous nous sommes bien amusés des maladresses de Jean, de sa réticence à la feuille de rose. Il a vomi lorsque la chatte excitée de Teresa lui a bavé son nectar musqué sur la langue. Ce même nectar dont  j’adorais  lécher  jusqu’à la dernière goutte.

Teresa me confiait ses tristesses. Marc et Mathieu cherchaient constamment à l’humilier. Ils tentaient de lui pisser dans la bouche. De vrais salopards, j’en étais révolté. Madeleine la défendait mollement et s’amusait plutôt des saletés des deux «grands».  J’en pleurais d’entendre ses cris plus ou moins étouffés quand mes deux salauds de frères s’amusaient d’elle, cherchant à imiter les acteurs des films pornographiques. 

Elle m’a aussi raconté que Madeleine, jalouse de notre amour passionné  (Teresa m’aimait donc aussi !), l’attachait  nue et frissonnante  sur une chaise dans la cuisine, lui plantait des aiguilles dans les seins et lui faisait boire de grands bols de thé jusqu’à ce qu’elle pisse. Madeleine la photographiait. Elle échangeait les photos  sur Internet contre d’autres du même genre, peut-être bien pires. «Estime-toi heureuse !»  disait Madeleine d’un air sadique et mystérieux. Nue et à quatre pattes, Teresa devait ensuite nettoyer la cuisine.  Comment notre mère, si dévouée, si aimante et sensuelle (Ah les douches avec elle !) pouvait-elle être aussi méchante et vicieuse, et surtout  avec une fille aussi douce que Teresa ? Elle lui arrachait un par un des poils du sexe. Si elle osait pleurer, Madeleine la fessait avec une cuiller en bois ! J’en pleurais de tristesse et d’horreur. Pour consoler Teresa, je lui proposais des projets de fuite à deux. Mais avec bon sens, elle les jugeait irréalisables et dangereux. Je lui ai promis de l’épouser dès que je le pourrais. «Alors, il faut que tu travailles mieux au collège et plus tard au lycée !»  Elle avait raison. «Oui, je le ferai pour toi !»  Je lui promettais un petit appartement d’amoureux  avec une grande terrasse où elle ferait pousser des herbes aromatiques. J’imaginais des voyages, des criques isolées où nous pourrions faire l’amour au soleil, léchés par les vagues à la marée montante, nous retenant de jouir jusqu’à ce qu’une vague nous submerge. (Je lui ai présenté comme mien ce petit fantasme inspiré de «La marée », une nouvelle d’André Pieyre de Mandiargues.) Nous avions du mal à être seuls. Jean écoutait nos conversations jusque tard dans la nuit. Nous finissions par faire l’amour sans réfréner nos soupirs. Il écoutait, se masturbait et attendait nos orgasmes pour jouir lui-même.

Elle m’a aussi raconté, en chuchotant pour que Jean n’entende pas, les détails sordides de sa vie dans le temple de la montagne. Les femmes venaient pour des rituels de fertilité, tous les jours de la semaine qui précédait la nouvelle lune. Ce rite avait lieu au coucher du soleil, lorsque les brumes se dissipaient un peu et que les derniers rayons réchauffaient un peu les vastes salles ouvertes à tous vents. Au milieu des vapeurs d’encens et devant une vingtaine de femmes en adoration, les trois moines qui dirigeaient le monastère la prenaient tour à tour. Ensuite, elle devait s’accroupir face aux femmes, les  cuisses  grand ouvertes pour faire couler dans un plat en or  les spermes mêlés des trois moines. Les femmes venaient l’une après l’autre glisser des billets dans une urne et prélever un peu de sperme dans le plat pour se l’appliquer dans le vagin. Elles allaient ensuite baiser respectueusement les sexes déjà redressés des trois moines.

Les hommes venaient pour la longévité toutes les nuits de la semaine qui suivait la pleine lune. Ce qu’on appelait «longévité», c’était plutôt le maintien ou l’accroissement de la force sexuelle. «Nous étions trois filles qu’ils prenaient tour à tour. Chacun d’eux nous pénétrait plusieurs fois en s’efforçant de ne pas jouir pour conserver sa force. C’est de notre vitalité qu’ils cherchaient à s’emparer, selon des principes plus ou moins tantriques. Ils passaient ensuite le reste de la nuit avec de jeunes garçons, les novices attachés au temple, qu’ils sodomisaient brutalement, aidés par des élixirs euphorisants. Les cris de douleur des jeunes se mêlaient aux râles de jouissance des hommes et aux sinistres hululements des chouettes qui traversaient l’air vif des hauteurs et la clarté lunaire. Epuisée par les assauts que j’avais subis mais tenue en éveil par les cris sexuels, je n’arrivais pas à dormir avant l’aube. Pour te décrire l’ambiance, il y avait aussi  les hurlements des loups qui appelaient leurs congénères à  partager la carcasse d’une bête qu’ils venaient d’égorger.»

         Tout cela a très mal fini. Nos études ont été catastrophiques. Mathieu, dépassé par son frère en matière de perversité, s’est mis à fréquenter des groupes de drogués. Un soir de manque, il a tué un passant pour l’équivalent de 50 euros  et s’est enfui aux Pays-Bas. Nous n’avons eu depuis aucune nouvelle. Marc s’est tué dans un accident de moto. Désespérée, Madeleine a rejoint Véronique dans une secte de femmes dirigée par un gourou qui s’était ainsi constitué un harem. Comme tout fini par se savoir, le gourou a été arrêté. Madeleine a voulu fonder sa propre secte, mais elle est vite devenue complètement et manifestement folle. Dégoûté des femmes, Jean a tourné homo militant, tout en gagnant sa vie comme mannequin. Je l’ai vu défiler une fois. Un défilé d’hommes, c’est encore plus grotesque si c’est possible qu’un défilé de femmes ! Le soir il m’a indiqué en pleurant qu’il était «gravement» séropositif.

         A mon grand désespoir, Teresa est partie avec un oligarque russe. J’espère profondément qu’elle est heureuse, même si ce n’est pas avec moi. J’en ai été déprimé pendant des mois, et j’ai vidé durant cette période un grand nombre de bouteilles de whisky, et pas du « single malt », car j’étais fauché. Après avoir fait des dizaines de petits boulots, j’ai fini par être embauché comme ouvrier dans un garage par un oncle éloigné. J’ai au moins le plaisir de rendre service à de jolies femmes, souvent même à des vietnamiennes et des chinoises. J’en ai le cœur qui bat au souvenir de Teresa. Mais mes mains pleines de cambouis ne leur font rien d’autre que des saluts amicaux. Je suis marié. Pour oublier une vie de routine et d’ennui, j’écris ces mémoires en secret.

Alain Valcour