Rosine

(1970)

Georges Hugnet,

in Le pantalon de la fauvette, Œuvres libres, Ed. Blanche, 1998

 

 [Les héros de ce récit ont tous deux 14 ans.]

Mes baisers parcourent son domaine secret et parviennent à son sexe qu'elle me tend avec autant de tendresse que d'impudeur. Un abandon si complet de sa chair nue dépasse en intensité mes rêves les plus érotiques et ajoute un inappréciable piment à tout ce que j'ai pu imaginer et souhaiter. Ma lascivité exulte lorsque mes lèvres trouvent son sexe tout humide déjà. Mes lectures n'ont pas été inutiles et je sais maintenant ce qui provoque cette sécrétion et d'où elle provient. Je recueille avec ferveur la preuve tangible d'une excitation physique dont je m'enorgueillis d'être le responsable.

Ma langue pénètre à l'intérieur de son sexe qu'elle a déclos et en fouille les muqueuses tendres qui m'émeuvent de cette non moins tendre visite. D'une commissure à l'autre elle titille ces petites lèvres vierges dont coule la sève. La sincérité de ma passion et le sens de la volupté me tiennent lieu d'expérience et de science. J'ignore si mes caresses sont habiles, en raison de l'incommodité de la posture et de l'exiguïté du lieu, mais j'acquiers vite la certitude de leur efficacité. L'amour engendre l'amour, et le plaisir aussi. En effet, sans plus attendre, après quelques tressaillements précurseurs, ses babies éperonnent mes avant-bras qu'ils enserrent, Rosine se colle à moi plus étroitement et, refoulant un cri, s'épanche dans ma bouche qui se délecte à boire le philtre d'amour de sa jouissance, tandis que sans différer je décharge dans ma culotte.

(pp.193-194)

Ses mains lissent mes cheveux, elles inclinent ma tête vers les élégants dessous dont mon odorat respire avec ivresse les fragrances mêlées. Je ne résiste pas à son appel et j'enfouis mon visage dans le nid qu'au bas de son ventre me ménage son intimité consentante.

Agenouillé, je m'insinue entre les cuisses qui d'elles-mêmes se séparent, j'élargis l'entrebâillement de la fente du pantalon, je relève la chemise et m'apparaît pour la première fois en plein jour le sanctuaire de mes dévotions. Tout ému, je m'incline jusqu'à la frôler sur cette chair secrète qui frissonne au souffle de mon haleine. Lorsque j'y pose mes lèvres, un léger sursaut présente à mes baisers un mont de Vénus déjà pubescent et, à partir de lui, la faille close de son sexe. Par glissements successifs Rosine vient au-devant de mes caresses. Elle n'est plus assise mais étendue sur le fauteuil et enfoncée dans les coussins où, palpitante, elle attend la révélation. Son ravissant visage aux paupières fermées se penche en arrière et l'écartement de ses jambes présente à ma vue, à tous mes sens en éveil, ses parties naturelles qui tiennent à la fois, aussi bien pour la forme que pour l'arôme, du fruit et du coquillage. J'applique sur l'impatience de ces lèvres la ferveur des miennes.

Ma langue les butine d'une commissure à l'autre. Lorsque mes deux pouces en décollent les bords humides et que ma langue en viole l'intérieur rosé pour en déguster la fluante sécrétion, la bénéficiaire de mes lascivités tressaille de volupté. Tout ce que je sais des organes sexuels de la femme je l'ai appris d'un livre de médecine appartenant à mes parents et je me suis efforcé d'en retenir le peu explicite enseignement. Je mets à profit mes faibles connaissances et compte sur mon intuition amoureuse pour que mon action fasse éprouver à ma partenaire, aussi novice que moi, les joies que me procure sa passivité. Je lèche ses petites lèvres, nommées nymphes, et celles-ci mouillent de plus en plus ; je suce son bouton de chair, nommé clitoris, et ce dernier s'érige et raidit dans ma bouche.

Mes caresses agissent autant sur moi que sur Rosine ; le plaisir que je dispense et celui que j'en ressens m'excitent au point que je crains, d'une seconde à l'autre, d'éjaculer solitairement dans ma culotte. Afin de retarder cet instant et de sentir que mon spasme coïncide avec le sien, je porte la pliure des jarrets à la hauteur des accoudoirs du fauteuil où je les appuie. Ainsi disposée, elle étale mieux encore à mon chérissement l'ensemble de son intimité, de l'entrecuisse à l'entre-fesse, nue dans son cadre de blancheurs enrubannées.

En souvenir de son premier émoi, sous mon baiser, ma bouche descend jusqu'aux fesses dont une de mes mains ouvre le moite sillon et se fixe sur son anus de soie vivante. D'abord ma langue en frôle le délicat plissé, puis en picote l'évasement et y darde sa pointe. De contentement, le menu trou du derrière se dilate, ses fronces se distendent sous la succion de mes lèvres qui en aspirent l'acre épanouissement. Pendant ce baiser qui la bouleverse, mon autre main qui n'a cessé de patiner ses nymphes, accélère ses vibrations sur le point sensible d'où elles partent.

Son clitoris s'énerve entre mes doigts qui le branlent. Déjà je recueille dans le pertuis du bas la liqueur qui coule de celui du haut. Ma bien-aimée se prend à hocher de la vulve ; ses reins se soulèvent et me tendent tout son être palpitant. Elle écrase mon visage sur sa jouissance effrénée. Les contractions de son sphincter vont en s'éteignant dans ma bouche tandis qu'elle gémit de bonheur. Tout en lapant la succulente mouille dont ses petites lèvres regorgent, j'éclate à mon tour.

(pp.197-199)

Rosine noue ses mains derrière ma tête pour appuyer un baiser qui se fait de plus en plus pénétrant. Humides et douées, nos langues glissent entre nos dents, s'effleurent, se caressent et se confondent. La sienne dessus, la mienne dessous, et réciproquement, nous nous entre-léchons les gencives, nous nous titillons le palais, nous buvons nos salives mêlées... Nous haletons de désir et nos chairs s'appellent et se cherchent sous nos mains câlines. Le corps onduleux de Rosine se détend, se love, s'étire ou se frotte contre le mien qui palpite à l'unisson.

(P.208)

 

Sa demande me rappelle le projet d'exploration minutieuse de ses charmes. Je reprends mon poste sous son jarret qui m'attire vers elle. Non, la jupe est intacte ainsi que le jupon. Je la tranquillise sur ce point et j'ajoute qu'il ne pouvait en être autrement puisque j'ai bu tout ce qui fluait d'elle... Elle soupire et s'épanouit... Je remarque avec enivrement que son extase a flétri l'entrejambe de son élégant pantalon, celui-là même qu'elle va quitter pour le laisser à ma convoitise. Je ne regarde plus, je contemple. Comme elle se tait, je prends mon temps et mes aises ; comme elle ne bouge pas, je ne résiste pas à mon envie, moins de percer les mystères de la féminité que de jouir longuement de la vue de beautés secrètes dont mon odorat et mon goût se sont déjà tant de fois grisés.

Entre ses cuisses consentantes, de mes deux pouces je disjoins la cosse de son sexe sur un alléchant dégradé de muqueuses rosés et rouges, toutes lustrées de sève. Après les grandes lèvres, je décolle les petites, véritables dentelles de chair qui s'achèvent en corolle autour de sa virginité. J'ausculte d'un impalpable toucher les bijoux vivants dont aucun n'échappe à mon examen visuel. Cette exploration m'enflamme, elle réveille en moi le besoin des caresses qui nous sont familières et nous mènent à l'extase. Ma langue lèche doucement l'avers et le revers de ses nymphes, elle s'infiltre dans tous les replis de ces organes fragiles qui, gonflés et lubrifiés, réagissent au moindre contact et sécrètent la chaude sérosité qu'elle savoure.

Elle s'insinue dans la faille de son vagin, elle titille le minuscule étranglement de son trou à pipi... Lorsque ma bouche happe de nouveau son clitoris qui sous son mont de Vénus, darde sa pointe, je sens que la main de Rosine s'attaque à ma braguette. Aux anges, je lui facilite la manœuvre. Habile, elle fouille à peine qu'elle a déjà mis à l'air ma verge dont l'excitabilité sursaute sous les doigts qui la tiennent. Puis elle me branle incontinent. Elle fait comme elle m'a vu faire tout à l'heure, et sa main est guidée plus encore par l'intuition de l'amour que par son don d'observation.

Tour à tour souple ou ferme, cette adorable main glissant à fleur de peau sur ma verge ou en comprimant la tige, stimule mon appétit sexuel. Tandis que ma Rosine me branle avec tant d'instinctif raffinement, mes lèvres cernent, aspirent son clitoris qui s'étire et frémit sous le fouet de ma langue. Nos mutuels attouchements se répercutent dans nos fibres les plus profondes et sensibles, tendus, nous vibrons de concert. Dans l'humidité de sa raie des fesses, mon index cherche et trouve son anus. Il s'y poste et va de l'avant, il en distend le froncé et y introduit une première, puis une seconde phalange qui lentement en percent et repercent le fourreau inviolé. Sous l'effet de cette pénétration aussi inattendue que nouvelle son corps entier bondit d'abord de surprise et presque aussitôt de plaisir. Maintenant la soie de son fondement palpite à la cadence de ma pénétration.

N'est-ce point sur cette bouche-là que je l'ai embrassée pour la première fois ? N'est-ce point là que se sont éveillés ses sens et qu'est née notre passion l'un pour l'autre ? Notre tendresse tourne à la frénésie. Le va-et-vient de mon doigt pompe en elle une volupté si impérieuse qu'elle secoue ma verge et que dans le doux étranglement de sa main j'expire de bonheur... Après de violentes contractions du sphincter, dans une ultime palpitation de la vulve, Rosine lâche au fond de ma gorge la plus abondante, la plus chaude et la plus succulente effusion qu'elle m'ait jamais donnée à boire...

Je ne sais si le mouchoir de Rosine a recueilli toute mon éjaculation, mais je sens qu'une main d'une infinie délicatesse en essuie la dernière larme sur mon gland et que cette même main, non moins délicatement, range ma verge dans ses linges et reboutonne ma braguette. La sollicitude du geste me rend la notion de temps. En effet il nous reste à faire avant de nous remettre en état. Quelques minutes plus tard, dans un coin de la chambre, elle s'apprête à changer de pantalon. Elle a relevé jupe et jupon qu'elle retient du menton et cherche sur ses reins l'attache de cette lingerie intime, témoin de nos derniers égarements. Je me délecte à la vue de ce tableau suggestif dont l'érotisme dépend pour moi de la liberté et de la familiarité de l'amour qu'il représente. Je propose à ma ravissante gamine de lui venir en aide et je descends son pantalon. Comme je constate qu'elle est toute mouillée, je lui propose encore de faire sa toilette avant d'enfiler son pantalon propre, elle repart :

-- Tu as raison... fais ma toilette comme j'ai fait pour toi...

Sur ce, elle écarte les jambes et sans la moindre gêne livre à mes soins son entrecuisse que je dorlote en l'épongeant avec les parties sèches du bouchon de linon qui tremble dans ma main. Un baiser d'adieu sur sa vulve saumonée clôt la scène libertine. Elle passe un coquet pantalon aux volants tuyautés de frais et là-dessus, rabat sa jupe d'écolière irréprochable.

(pp.211-213)

 

Ne sont capables d'une telle indécence que celles qui aiment et se savent aimées. Pour mettre un terme à notre mutuelle impatience, je plonge ma bouche entre ses nymphes dont la mousse affleure les bords. Comme je m'en doutais, Rosine a déjà joui tandis que je la branlais et je lape à longs traits cette éjaculation savoureuse et fruitée.

De toute évidence, Rosine ressent une joie de plus en plus profonde à se laisser adorer, manier, lécher, fouiller, dévorer et boire... Puisqu'il en est ainsi, ma langue entreprend de la faire jouir de nouveau. Sa subtilité n'ignore plus aucun point sensible de sa brèche ardente qui ne tarde pas à se ranimer. Elle visite les recoins pulpeux que sa pénétration fait s'épanouir et mouiller. Ma belle frissonne, se tend et se détend, demi-soupire puis soupire en chuchotant les tendres commentaires dont elle accompagne maintenant la montée de son plaisir. Lorsque mes lèvres happent son clitoris, un courant électrique la traverse.

Son ventre et sa croupe ondulent, son mont de Vénus bondit, sa vulve s'écrase sur mon visage qui se soude à elle. Je redouble ma succion de son bouton d'amour dont la raideur se trémousse entre mes dents qui la mordillent et sous ma langue qui la fouette. Ses soupirs se muent en plaintes langoureuses. Sa respiration devient haletante. Ses reins se cambrent, ses cuisses tremblent, toute sa chair se convulse et tressaute.

Sa gorge pousse un râle qui se termine en cri quand son sexe fond dans ma bouche... Ma langue ne quitte pas le calice vivant dont elle perçoit les ultimes palpitations et y recueille les dernières gouttes du jus de ses entrailles. Elle s'y attarde et y prolonge si bien sa prévenance adoucie, ralentie, que mon amoureuse qui ne semble pas être parvenue au bout de sa capacité de plaisir, ondoie, tressaille et sursaute une fois encore... Je ne puis me rassasier de lui prodiguer ces caresses qui me rendent aussi heureux qu'elle. Une première jouissance n'a pas atténué mon désir... Rosine hausse la croupe, dégage son entre-fesse et, d'une voix qui chavire, me demande instamment :

-- Lèche mon petit trou ... Ouvre-le fort pour lécher tout au fond ... je me branlerai en même temps ... puis ... puis enfonce un doigt ... et bouge ... comme tu as déjà fait ...

Déjà sa main se porte au clitoris et le saisit. J'admire la prestesse de son pouce, de son médius et de son index qui tricotent sa future pâmoison. Ses émois successifs ont répandu dans la moiteur de sa raie une odeur fauve des plus excitantes. Ma bouche gobe la rosette qui s'épanouit sous elle et en suce l'acre plissé distendu. Je coule ma langue dans l'étroit orifice comme je sais qu'elle aime que je fasse. Si j'en juge par l'agitation de ses muscles, par la tension de ses flancs, par la fébrilité de ses cuisses, les remous de sa motte et la mouille qui file sur mon nez, elle doit se branler furieusement... le spasme final va survenir... Voici le moment d'introduire mon doigt dans son anus dont les parois mouvantes et lisses épousent le va-et-vient gradué, le compriment avec une force qui s'accroît de seconde en seconde et se convulsent autour jusqu'à l'éclatement... dont le jet brûlant emplit ma bouche retenue à sa vulve.

(pp.216-218)